La Géline de Touraine
En un mot...
La Géline de Touraine, particulièrement réputée dans son terroir natal, n'est plus aujourd'hui produite que par une poignée d'éleveurs professionnels, et il est devenu très compliqué de s'en procurer pour goûter à sa chair délicate.
Le mot "géline" vient de "gallina", qui signifie "poule" en latin. Elle peuple les basses-cours tourangelles depuis le 19ème siècle et en 1909, le club avicole de Touraine décide d’officialiser l’existence de cette poule. Elle fut créée par Jean-Baptiste Martin, (directeur des Services agricoles d’Indre-et-Loire et président du Club avicole de Touraine) au début du XXe siècle. Le standard a été homologué en 1913. « J’ai obtenu la géline de Touraine en partant de la poule noire commune qui se rencontre dans les fermes de Touraine, du Berry et même du Limousin… Dans le but de lui donner un peu plus de volume sans nuire à la qualité de sa chair…, ainsi que pour avoir des oeufs teintés, j’ai infusé à cette race un peu de sang de langshan… Une sélection rigoureuse… a fini par faire disparaître les ‘retours’ (oreillon trop rouge et pattes emplumées) et par
nous donner une race bien fixée, bien homogène. »
Elle connut ses heures de gloire sur les marchés de Loches, Ste-Maure-de-Touraine et Montbazon entre 1920 et 1930. Mais il advint de la géline ce qu’il advint de la plupart
de nos races locales, elle fut victime de l’industrialisation de l’agriculture et de l’arrivée de nouvelles volailles à croissance rapide et aux performances spécialisées.
A la fin des années 70, elle est considérée comme éteinte.
Les origines
Description
Les Gélines de Touraine ont un corps allongé et à l’aspect dégagé. Le plumage est noir avec des reflets métalliques pour les coqs. La géline de Touraine pourrait être confondue avec la poule du Berry dont elle est très proche. C’est surtout au niveau des oreillons, de l’iris des yeux et des nuances de couleur au niveau des tarses que l’on peut faire la différence.De squelette assez fin, leur taille est légèrement supérieure à la moyenne. Les mâles pèsent de 3 à 3,5kg et les femelles 2,5 à 3kg. C’est une volaille à l'air vif mais calme et qui est rustique (peu sensible aux intempéries et aux maladies). Ses œufs sont d'un beau beige clair, rosé et doré; ils pèsent environ 60 grammes.
Bonne pondeuse, et bonne meneuse, la poule pourra sans encombre élever ses poussins. La ponte est régulière et assez abondante, sauf au moment des jours les plus courts et à la mue qui a lieu régulièrement à la fin de l'été.
Crédit photo M Audureau
Le projet de
sauvegarde
On la croyait disparue, mais c’est à partir de quelques sujets retrouvés que Jean-Louis Choisel de son côté (Association des amis de la géline de Touraine, devenue Union des amateurs de la géline de Touraine) et Maurice Brault du sien (Société avicole de Touraine), ont restauré cette volaille à la fin des années 80. C’est la seconde restauration qui a débouché sur une production professionnelle de volaille de chair. En 1997, l'UAGT (Union des Amateurs de la Géline de Touraine et des autres races de basse-cour tourangelle) est créée à l'initiative de plusieurs éleveurs. Le but est de rassembler les éleveurs et les amateurs des races tourangelles. Le SIGT accompagne la filière professionnelle "La Dame Noire".
L’aventure Dame noire (marque commerciale) s’est arrêtée en 2015 et aujourd'hui, cette filière professionnelle n'est malheureusement plus active. Il est devenu très rare de pouvoir se procurer de la Géline de Touraine, essentiellement maintenue par des éleveurs amateurs passionnés.
Les actions
2024
La Géline de Touraine fait l'objet d'un projet pilote en faveur de l'optimisation de schémas de gestion de races locales avicoles. Il s'agit d'élaborer des preuves de concept d'enregistrement de généalogies par génotypage permettant une gestion des reproducteurs localement et sans infrastructures lourdes. La preuve de concept est menée par le service technique et scientifique du Syndicat de Sélection Aquacole et Avicole Français avec 3 partenaires gestionnaires : conservatoire de la biodiversité domestique du Centre-Val de Loire (URGC, race Géline de Touraine), conservatoire de Poitou-Charentes (CREGENE, race Marans) et des Pays de La Loire (CRAPAL, race Noire de Challans).
L'objectif est d'essaimer la méthode à d'autres races avicoles dans le cadre de la structuration des races nationales avicoles. Cela permettrait de développer la traçabilité des animaux reproducteurs au niveau national, et donc d'améliorer la gestion de la consanguinité comme cela est actuellement le cas chez les ruminants.
Le projet fait actuellement l'objet d'une demande de subventions auprès d'un AAP national et ne pourra démarrer qu'une fois le financement obtenu.