Le mouton solognot
En un mot...
Race très ancienne aux racines solidement ancrées en Sologne, comme son nom l'indique, la brebis Solognote est un des symboles de ce superbe territoire de forêts et d'étangs. Mais cette race, qui atteint son apogée vers 1850, a été élevée dans une région bien plus large que la seule Sologne : les 300 000 têtes de l'époque se répartissaient dans les régions voisines comme la Beauce, le Gâtinais et la Val de Loire.
Aujourd'hui, elle est reconnue pour sa grande rusticité, et elle est donc très utile pour entretenir et valoriser des espaces difficiles, de qualité fourragère médiocre. Mais ce n'est pas le seul atout de la Solognote : la saveur exceptionnelle de la viande de ses agneaux est très recherchée. Un projet de création d'une AOP, mis en sommeil pendant quelques années, a été relancé en 2019 suite à l'installation de jeunes éleveurs.
La race Solognote est très ancienne et prend naissance dans la population ovine très diversifiée de la région. A la Renaissance, la race se développe grâce au commerce de la laine qui croît, soutenu par l'installation de la Cour dans le Val de Loire. Autour de 1850, la race est à son apogée et atteint un effectif de 300 000 têtes. Ces brebis sont très bien adaptées aux conditions d'élevage de la Sologne, avec ses sols pauvres et sa forte humidité, et constituent une importante source de revenu pour la Région avec la vente de laine, mais aussi des agneaux, engraissés dans les régions voisines plus riches. Cependant, à partir de la fin du 19ème siècle, l'élevage ovin en Sologne est sur le déclin : politiques de reboisement et de drainage, création de routes puis exode rural et développement de la chasse après 1918 changent le visage du territoire, où l'élevage perd de son importance. En 1910 la population est descendue à 50 000 individus, et en 1940, elle a quasiment disparu.
Les origines
Description
La Solognote, de taille moyenne, possède une toison rousse qui ne couvre ni la tête ni les pattes.
Les brebis ont une bonne aptitude au désaisonnement naturel, et produisent assez de lait pour élever leurs agneaux même en conditions difficiles. Les animaux sont très rustiques et résistent bien aux maladies et parasites : elle est la seule race à pouvoir pâturer les pieds dans l'eau ! Elle se distingue également par sa faculté à supporter des variations brusques de régimes alimentaires, régime dit accordéon. Très bonne marcheuse, elle valorise bien les pâturages pauvres et les sous-bois ligneux : la race est utilisée pour valoriser et entretenir des espaces difficiles et de qualité très médiocre (bords de rivière, sous-bois…).
Les agneaux possèdent une viande sans excès de gras dont la qualité gustative a été reconnue au travers de son classement international à l’Arche du Goût de Slow Food. La chair est dense et très rouge, avec un gigot fin et élancé.
La sauvegarde de la race débute en 1940 ; en 1968, la race est mise en "réserve génétique", et un programme de gestion génétique est petit à petit mis en oeuvre. Un Centre d'élevage de béliers est créé en 1979. C'est une race qui a été précurseure de l'utilisation du schéma de sélection dit de l'horloge, mis au point en 1976 par un agronome lui-même éleveur de solognots.
Le programme de sélection est géré par l'organisme de sélection GE.O.DE. depuis 2007, sur les indications génétiques de l'Idele. Le programme d’élevage vise la maîtrise génétique de la race au travers de dix familles.
Après une période creuse dans les années 2010, l'installation de jeunes éleveurs en Sologne a permis, en 2019, la relance d'une démarche collective pour la création d'une appellation d'origine "Agneau de Sologne", sept ans après la suspension d'un premier projet. Ce projet est porté par le syndicat de défense et de promotion de l’Agneau de Sologne, créé pour l'occasion, et soutenu par la Chambre d'agriculture du Loir et Cher et l'URGC .
Le projet de sauvegarde
Une appellation d'origine pour l'agneau solognot, c'est un beau rêve qui avait été interrompu en 2013 faute d'éleveurs en nombre suffisant dans le berceau de la race, en Sologne. L'installation de plusieurs jeunes avec des moutons solognots dans la région a permis la relance de ce projet depuis 2019. Une équipe d'éleveurs motivés, dont plusieurs jeunes installés, l'appui de la chambre d'agriculture 41, de l'INAO et de l'URGC : toutes les conditions semblent réunies pour faire aboutir ce beau projet !
Après la création officielle du syndicat de défense et de promotion de l’Agneau de Sologne, plusieurs groupes de travail ont été définis. En 2022 les étapes du projet IGP et de la structuration de filière ont été validées. 2023 a été consacrée à la consolidation de la vie du Syndicat, aux travaux bibliographiques, au diagnostic des exploitations et à la définition d'enjeux et de grands axes d’une stratégie de filière.
Les éleveurs se sont constitués pour 2023 en un groupe Emergences GIEE portant sur L’Agneau de Sologne, une ressource génétique inestimable et un « Trésor Vivant » à reconquérir. Ce groupe a permis de réfléchir à leurs pratiques et à leur évolution, ainsi qu'à la structuration de la filière ; mais n'a pas débouché sur une demande de reconnaissance en tant que GIEE en 2024. Les éleveurs ont considéré la démarche GIEE prématurée et préfèrent consacrer les mois à venir au renforcement de la cohésion de leur collectif et à la réalisation d'actions concrètes à finalité collective en vue d'une structuration filière. Ainsi, des tests commerciaux et d'ouverture de marchés assorties de démarches de communication seront des actions centrales en plus de l'animation de la vie du collectif. Les orientations de sélection génétique et la gestion des reproducteurs restent des préoccupations majeures pour consolider ces démarches de valorisation. De plus, la race solognote n'est plus considérée menacée dans le rapport de l'Inrae 2023 car ses effectifs et sa structure génétique ont évolué favorablement, mais le collectif craint que cette situation ne se stabilise pas si les éleveurs ne peuvent plus bénéficier de l'aide européenne associée aux races menacées.